L'Arabie saoudite introduit l'éducation musicale dans les écoles

Dans une Arabie saoudite en pleine transformation, la musique prend un nouvel essor avec l’ouverture de plusieurs écoles accessibles à tous. La prochaine étape pourrait même être l’introduction de l’éducation musicale dans les écoles publiques, reflétant une volonté de modernisation culturelle.

Une Passion Transmise à la Nouvelle Génération

Ahmed Abdallah observe avec émotion sa fille Yasmine, 7 ans, jouer des gammes sur un piano dans une école de musique à Riyad. Dans son enfance, il n’avait pas eu la possibilité de cultiver une telle passion dans un pays alors ultraconservateur. « Je me reconnais en elle, accomplissant ce que je ne pouvais pas faire à son âge », confie-t-il. Selon lui, « le pays investit désormais dans la jeunesse avec davantage d’opportunités », ce qui stimule l’intérêt pour la musique.

Dans cette école Yamaha, située en plein centre de la capitale, Yasmine suit chaque semaine un cours collectif de 30 minutes sous la direction d’un jeune professeur égyptien. Le message est clair : « Musique pour tous ».

Un Changement Culturel Porté par des Réformes

Longtemps perçue comme une terre d’austérité, l’Arabie saoudite appliquait une version rigoriste de la charia, limitant l’accès aux arts. Cependant, sous l’impulsion du prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS), le pays cherche à redéfinir son image en multipliant les événements culturels et sportifs d’envergure.

Bien que des artistes saoudiens aient toujours existé, les concerts internationaux étaient rares. Aujourd’hui, la scène musicale accueille des stars comme Justin Bieber, BTS ou David Guetta. Bien que certains artistes soient critiqués pour leur participation à ces événements dans un pays épinglé par les ONG pour ses atteintes aux droits humains, ces concerts rencontrent un large succès auprès d’une jeunesse avide de divertissements.

Musique au Quotidien et Éducation en Plein Essor

La musique s’intègre désormais à la vie quotidienne. Restaurants et cafés, autrefois silencieux, diffusent de la musique et organisent des concerts. À Riyad et Djeddah, cinq écoles de musique ont ouvert récemment, attirant aussi bien des enfants que des adultes.

Wajdan Hajji, 28 ans, illustre cette évolution. Après avoir tenté d’apprendre seule la guitare sur YouTube, elle suit maintenant des cours avec un professeur ukrainien, pour environ 250 euros par mois. « Avant, je n’avais personne pour corriger mes erreurs. Maintenant, j’ai appris les bases », explique-t-elle, en soulignant à quel point la musique l’a aidée à devenir plus sereine.

Un Marché en Croissance

En 2020, le royaume a lancé l’Autorité de la musique, une structure sous l’égide du ministère de la Culture, chargée de soutenir les jeunes talents et d’accréditer les écoles spécialisées. Le projet d’intégrer l’enseignement musical dans les écoles publiques est déjà en cours, tandis que le secteur privé s’intéresse de plus en plus à cette nouvelle dynamique.

À la « Maison de la musique » de Riyad, des enfants apprennent le rythme sous les conseils d’une professeure libanaise, dans des salles ornées de posters de Bob Marley et de Fairouz. Fondée en 2019, l’école compte 300 élèves et envisage d’en ouvrir une deuxième, selon son directeur Cesar Mora, qui se réjouit de l’expansion du marché et de l’enthousiasme des mélomanes.

Une Pratique Qui Se Répand dans les Familles

Oualid Mahmoud, un Soudanais vivant à Riyad, a inscrit ses deux filles de 3 et 5 ans à des cours d’oud, un luth oriental typique de la musique arabe. Il s’est laissé emporter par leur enthousiasme et s’est lui-même lancé dans l’apprentissage de l’instrument. « L’Arabie saoudite a beaucoup changé », dit-il en souriant, tandis que ses filles l’observent. « Qui sait ? Peut-être que nous formerons un groupe un jour ! »

L’ouverture de l’Arabie saoudite à la musique symbolise une évolution culturelle significative. En encourageant les initiatives musicales et en intégrant la musique dans l’éducation, le royaume aspire à offrir de nouvelles perspectives à sa population. Ce changement, bien accueilli par les jeunes et les familles, reflète une volonté de modernisation tout en honorant la richesse des traditions artistiques du pays.

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